Château de Caratel

A l’entrée devant les chaînes

Le Château de Caratel a été construit pour l’essentiel vers 1650, c’est-à-dire à la moitié du XVIIè siècle, époque à laquelle des constructions antérieures, vraisemblablement du XVIè siècle, ont été profondément remaniées.

Cette construction aurait été faite à la demande d’Isabelles d’Ispanays qui aurait été propriétaire des terres de Caratel avant 1644, année d’acquisition de ce château par Pierre Dreux, écuyer et conseiller au Parlement de Bretagne. Avant de mourir vers 1650, il obtient de la Princesse de Condé, Dame de Châteaubriant, l’anoblissement et érection en fief de la Vallée de Caratel. Le domaine est anobli en mai 1659 par Louis XIV.

Il connaît ensuite différents propriétaires : familles Thierry de la Prevalaye, de Bouexic de la Driennais puis pendant environ un siècle et demi, est occupé par des directeurs de forges. Un anglais notamment, William Thoneton, attiré par le minerai de fer de désireux de développer l’industrie sidérurgique dans la région, s’installe à Caratel de 1823 à 1830, année où il rentre chez lui, en Angleterre, après avoir échoué dans son entreprise.

Caratel entre dans le patrimoine de la famille de Cambourg en 1874 et est occupé par celle-ci de façon quasi-permanente depuis cette date.

Le Château est construit « à la française », de façon symétrique, à l’image des jardins de Versailles dessinés par le Nôtre.

Il s’articule autour du bâtiment central, terminé par une tour à chaque extrémité, et est encadré par deux pavillons identiques qui sont légèrement avancés :

  • celui de droite appelé « la lingerie » : ce lieu servait à stocker tout le nécessaire d’une maison (draps, nappes, serviettes, …). Ce bâtiment est prolongé par les écuries réservées aux chevaux d’attelage et le « garage » où étaient parquées les voitures de l’époque (coupés, cabriolets, berlines, …) avec son large porche d’entrée. Il y avait également une sellerie et peut-être un local pour le maréchal-ferrant ;
  • celui de gauche composé de la Chapelle et de l’orangerie.

Devant la grille de la lingerie

Cette grille en fer forgé est d’époque et servait à protéger les fenêtres principalement du rez-de-chaussée contre les agressions et vols en recrudescence lors des périodes mouvementées.

C’est une grille typique de la région, car Châteaubriant est un des pays de forge. En effet, on y trouve les éléments de base nécessaires au travail du fer : un sol riche en minerai de fer (Louisfert vient du latin locus ferri ð lieu de fer), du bois pour le feu avec les forêts et de l’eau avec les étangs (autres forges de la région : Moisdon-la-Rivière, la Hunaudière et Sion-les-Mines).

Sur la pelouse, côté Sud

On remarque la symétrie des deux tours. Celle de droite est, semble-t-il, la plus ancienne.

Caratel a été construit avec des pierres de la région tirées principalement d’une carrière située à Saint-Vincent-des-Landes. La pierre bleue (le schiste), quant à elle provient de Nozay.

Il y a également du tuffeau autour de deux petites fenêtres (et à l’orangerie) mais ce matériau était peu utilisé du fait de sa tendance à l’effritement.

Caratel a été restauré dans les années précédant la première Guerre Mondiale et une rénovation complète de l’ensemble du manoir a été entreprise depuis une vingtaine d’années par son propriétaire.

L’architecture intérieure est simple : au rez-de-chaussée, les parties communes (cuisine, salle à manger, bibliothèque, salon) et aux étages les chambres, dont certaines ont encore des poutres peintes au XVIIè siècle.

La tour de droite est appelée « la Tour d’Amour » en raison d’une légende qui y est attachée.

Lors d’une chasse-à-courre dans les environs, un des seigneurs participant à cette chasse s’est éloigné de la meute et s’est perdu. Ce chasseur s’est retrouvé à Caratel où vivait une jeune châtelaine. Celle-ci l’hébergea et il la trouva tellement belle qu’il la demanda en mariage. Il emmena son épouse dans son château situé loin d’ici.

Mais au bout d’un certain temps, la jeune femme eut le mal du pays et commença à dépérir. Voulant qu’elle survive et soit toujours belle, son mari la ramena à Caratel et, comme preuve d’amour, il lui construisit cette tour, d’où le nom. Cette légende de la Tour d’Amour est certainement plus romantique de celle de Françoise de Foix attachée au Château de Châteaubriant.

Cette légende de la Tour d’Amour a inspiré un poème écrit au XIXè siècle par un Nantais, Ludovic CHAPLAIN.

A côté de la Tour d’Amour

Observez l’épaisseur des murs et le manteau de cheminée dépassant du mur pour compenser le poids dudit manteau. L’orangerie est éclairée de trois grandes baies vitrées orientées vers le sud. Avant d’être une maison d’habitation, c’était comme son nom l’indique, une serre où étaient entreposées les fleurs servant à décorer le Château.

Devant le mur de la Chapelle

La Chapelle possède un petit trou dans le mur. Il permettait aux lépreux, venant de procession d’une léproserie située à Louisfert, d’entendre la messe, sans pour autant contaminer les personnes situées à l’intérieur, et de recevoir de l’argent.

La Chapelle servait uniquement à l’usage des châtelains qui y accueillaient voisins et amis. Elle est dédiée à Sainte-Catherine.

Dans la Chapelle

C’est une chapelle simple avec un autel du XVIIè siècle provenant de l’ancienne église Saint-Nicolas de Châteaubriant et apporté ici lors de la construction de la nouvelle église Saint-Nicolas.

Vous pouvez également voir ici un prie-Dieu et un confessionnal rudimentaire. Les vitraux ont été grillagés pour éviter les pillages des chapelles lors des attaques, notamment lors de la révolution.